Jira en ligne de commande
Introduction
Que l’on soit freelance ou salarié, on n’a pas toujours le choix des outils de gestion de projets que l’on doit utiliser. Parmi les outils imposés que je dois me coltiner au jour le jour, Jira est dans mon top des outils les plus désagréables (euphémisme pour rester poli).
Heureusement, des gentils développeurs de Netflix ont créé un outil, go-jira, qui permet d’éviter l’utilisation de l’interface web du mastodon, et d’utiliser la ligne de commande depuis son terminal pour gérer ses tickets.
Installation
L’outil a été développé avec le langage Go. Il s’installe donc comme tous
les logiciels écrits dans ce langage, avec la commande go get
qui
télécharge le code, le compile et l’installe dans un répertoire donné. Il
suffit donc de taper: go get
gopkg.in/Netflix-Skunkworks/go-jira.v1/cmd/jira
pour obtenir un exécutable
qui sera copié dans le sous répertoire bin
du répertoire défini par la
variable GOPATH
.
Pour exécuter facilement ce binaire, deux options. Soit créer un alias pointant vers
le fichier directement (alias jira=~/go/bin/jira
à ajouter dans son
~/.bash_aliases
); soit ajouter ${GOPATH}/bin
dans son path, ce qui
revient à accepter tous les logiciels compilés avec la commande go get
.
Première utilisation
La première commande à exécuter avant toute chose est de s’authentifier auprès d’une instance Jira. Dans mon cas personnel, cela donne ceci:
jira login -e https://jira.nom-du-client.com/ -u "Michael Parienti"
J’ai fourni deux paramètres:
- l’url de l’instance jira où se se connecter avec l’option
-e
- mon identifiant avec l’option
-u
Un mot de passe est demandé et, si le mot de passe est correct, un cookie
est enregistré dans un sous répertoire ~/.jira
. Ce cookie vous permettra de
ne pas avoir à vous authentifier pour les prochaines commandes. Néanmoins,
d’après mon expérience, sa durée de vie est plus courte que celle d’une
session avec un navigateur.
Pour rentrer dans le vif du sujet, voici un exemple de commande plus concrète qui change le statut d’un ticket.
jira -e https://jira.nom-du-client.com/ transition "In Progress" PREFIX-10693
Je re utilise ici l’option -e
pour renseigner le serveur jira, puis je
donne le nom de la commande (transition
), le nouveau statut (In Progress
)
et enfin le numéro du ticket que je veux modifier.
Configurer l’outil
Pour éviter de fournir chaque fois certaines options qui restent identiques d’un appel à l’autre, il est nécessaire d’utiliser des fichiers de configuration.
L’outil va chercher tous les répertoires et fichiers .jira.d/config.yml
de
façon hiérarchique.
Vous pouvez donc enregister sous votre répertoire maison, dans
~/.jira.d/config.yml
, toutes les options communes à vos projets.
Dans mon cas ce fichier ressemble à ceci:
editor: emacs -nw user: Michael Parienti
Ici j’ai seulement configuré mon éditeur par défaut et mon identifiant, qui est commun à toutes les instances jira que j’utilise.
Dans le répertoire
(~/projects/nom-du-client/.jira.d/config.yml
) j’enregistre
l’url de l’instance jira utilisée par le projet:
endpoint: https://jira.nom-du-client.com/
Cela m’évite de fournir ce paramètre à chaque fois. Tous les exemples qui
suivent dans cet article utilisent un endpoint
défini dans un fichier de
configuration.
Exemples de commandes
Voici une liste de commandes qui accèdent en lecture à Jira:
jira view PREFIX-10693 jira transitions PREFIX-10693 jira list --query "priority = Blocker" jira list --query "Component = XYZ AND priority = Blocker"
Ces commandes respectives:
- affiche le ticket
PREFIX-10693
- affiche la liste des changements de statut possibles pour ce ticket
- liste tous les tickets qui ont la priorité
Blocker
- liste tous les tickets qui ont la priorité
Blocker
et qui ont le composantXYZ
Voici une liste de commandes qui modifient des tickets:
jira take PREFIX-10693
jira unassign PREFIX-10692
jira comment PREFIX-10693
jira comment --noedit -m "Un commentaire judicieux" PREFIX-10693
jira close PREFIX-10693
Ces commandes respectivement:
- M’assigne le ticket
PREFIX-10693
- Enlève le propriétaire au ticket
PREFIX-10692
- Ajoute un commentaire au ticket
PREFIX-10693
; l’éditeur par défaut va s’ouvrir - Ajoute le commentaire "Un commentaire judicieux" au ticket
PREFIX-10693
sans ouvrir d’éditeur - Ferme le ticket
PREFIX-10693
La liste de toutes les commandes disponibles est la suivante: «acknowledge, assign, attach, create attach get, attach list, attach remove, backlog, block, browse, close, comment, component add, components, create, createmeta, done, dup, edit, editmeta, epic add, epic create, epic list, epic remove, export-templates, fields, in-progress, issuelink, issuelinktypes, issuetypes, labels add, labels remove, labels set, list, login, logout, rank, reopen, request, resolve, start, stop, subtask, take, todo, transition, transitions, transmeta, unassign, unexport-templates, view, vote, watch, worklog add, worklog list, session».
Une aide est disponible pour chacune d’entre elles.
Créer ses propres commandes
Un autre point fort de l’outil go-jira est la possibilité de créer ses propres commandes.
L’exemple basique, fourni par la documentation, consiste à lister les tickets dont nous sommes le propriétaire:
custom-commands: - name: mine help: display issues assigned to me script: |- {{jira}} list --query "resolution = unresolved and assignee=currentuser() ORDER BY created"
Dans mon fichier de configuration global, j’ai créé une commande pour fermer un ticket et enlever le propriétaire au ticket, et une autre commande pour ajouter un commentaire rapidement:
custom-commands: - name: bye help: Close and unassign a ticket args: - name: TICKET required: true script: |- {{jira}} close {{args.TICKET}} ; {{jira}} unassign {{args.TICKET}} - name: sl-comment help: Comment a ticket with a single line comment args: - name: TICKET required: true - name: COMMENT required: true script: |- {{jira}} comment --noedit -m "{{args.COMMENT}}" {{args.TICKET}}
La commande sl-comment
ne sert qu’à m’éviter de fournir l’argument
--noedit
que j’oublie tout le temps. La comment bye
est un raccourci
pratique pour supprimer les très vieux bugs qui ne sont plus d’actualité.
Les exemples ci-dessus sont simples. Il est aussi possible de spécifier très précisément les options et les arguments de chaque commande, en particulier leur type.
Et plus encore
L’outil propose d’autres fonctionnalités que je n’ai pas abordées, parce que je ne les utilise pas (encore) ou par manque de temps:
- les fichiers de configurations peuvent être des scripts exécutables, et ainsi rendus dynamiques;
- tout ce qui affiché peut être configuré via l’utilisation de templates (patron en bon français);
- l’authentification peut s’appuyer sur des outils extérieurs; j’utilise personnellement pass.
Conclusion
Cet article n’est qu’une introduction à l’outil go-jira. Moi même j’utilise encore l’interface web pour avoir une vue d’ensemble sur les tickets d’un sprint.
J’utilise ensuite l’outil en ligne de commande pour les opérations simples comme le changement de propriétaire ou de statut d’un ticket. Mon objectif reste néanmoins de me passer de plus en plus de la lourde interface web.